Nous, Ministres des Affaires étrangères et Chefs de délégation des États membres de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI), participant à la 51ème session du Conseil des Ministres des Affaires étrangères (CMAE), tenue à Istanbul, en République de Türkiye, les 21 et 22 juin 2025 ;
Réitérant notre ferme attachement aux buts, objectifs et principes de notre Organisation ainsi qu’à toutes les Résolutions adoptées par les Sommets de l’OCI et le Conseil des Ministres des Affaires étrangères ;
Déterminés à renforcer davantage les liens d’unité et de solidarité entre la Oummah islamique ;
1. EXPRIMONS l’aspiration de l’OCI, en tant que deuxième plus grande organisation internationale après les Nations unies, à jouer un rôle croissant dans un contexte de fragmentation internationale, d’affaiblissement des institutions internationales et de transformation du monde, ainsi que la nécessité de diligenter les réformes afin de faire de l’OCI un acteur international majeur, en termes de stabilité régionale et mondiale, de rééquilibrage géostratégique, de multilatéralisme et de système international fondé sur des règles.
2. REAFFIRMONS le caractère central de la Cause palestinienne pour l’OCI, créée en 1969, à la suite de l’incendie criminel de la Mosquée Al-Aqsa, ainsi que notre soutien ferme à la création d’un État palestinien souverain, indépendant et d’un seul tenant sur les frontières de 1967, avec pour capitale Al-Qods-Est, et que la solution à deux États est la seule solution viable pour parvenir à la paix et à la stabilité dans la région pour tous.
3. REITERONS l’importance de convoquer, dès que possible, une conférence de haut niveau des Nations unies sur le règlement pacifique de la cause palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux Etats et des résolutions des Nations unies, sous la coprésidence du Royaume d’Arabie Saoudite et de la République française, et de reprendre les travaux des groupes de travail issus de la conférence et de redoubler d’efforts pour en assurer le succès ; et PRIONS INSTAMMENT tous les États membres des Nations unies à participer activement à cette conférence dès que la nouvelle date sera annoncée.
4. CONDAMNONS la guerre génocidaire israélienne à Gaza, qui se poursuit dans la bande de Gaza depuis plus de 19 mois, ainsi que les campagnes systématiques de destruction et de tuerie en Cisjordanie, y compris à Al-Qods-Est, qui visent à liquider la cause palestinienne, y compris le droit du peuple palestinien à l’autodétermination ; CONFIRMONS l’importance de parvenir à un cessez-le-feu permanent et durable et de mettre en œuvre la Résolution 2735 du Conseil de Sécurité, qui contribue à mettre fin à l’agression et à mettre en œuvre le plan arabo-islamique de redressement et de reconstruction de la Bande de Gaza, et à assurer un soutien politique et financier au gouvernement palestinien pour lui permettre d’assumer ses responsabilités dans la Bande de Gaza ainsi qu’en Cisjordanie, y compris à Al-Qods-Est.
5. APPUYONS les efforts diplomatiques vigoureux déployés par le Comité ministériel du Sommet arabo-islamique conjoint sur Gaza pour demander instamment un cessez-le-feu immédiat, l’entrée de l’aide humanitaire dans toutes les zones de la Bande de Gaza et l’adoption de mesures pratiques pour mettre en œuvre la solution à deux États.
6. DENONÇONS les actions d’Israël, la puissance occupante, qui utilise l’affamation comme méthode de génocide, en faisant obstacle à l’entrée de l’aide humanitaire et en empêchant les agences humanitaires des Nations unies d’accomplir leur mandat, dans le but de déplacer de force la population palestinienne ; et APPELONS, à cet égard, au rejet de toutes les formes de déplacement forcé du peuple palestinien, à l’ouverture urgente des points de passage et des frontières, à l’acheminement sans entrave et adéquat de l’aide humanitaire et à la protection de la population civile palestinienne.
7. EXPRIMONS notre ferme soutien à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui joue un rôle irremplaçable dans la fourniture de services aux réfugiés palestiniens ; et INVITONS la Communauté internationale à continuer de soutenir l’UNRWA, tant sur le plan politique que financier, face à l’aggravation de la situation humanitaire dans le territoire palestinien occupé, y compris à Al-Qods.
8. EXPRIMONS notre refus sans équivoque de tout projet visant à déplacer de force les Palestiniens de leur terre, dès lors qu’une telle action constitue une liquidation de la cause palestinienne et une grave violation du droit international, et le ciblage systématique par Israël des commodités de base à Gaza dans l’intention délibérée de créer des conditions de vie impossibles et de contraindre ainsi les Palestiniens à quitter leur terre.
9. AFFIRMONS notre soutien au plan arabo-islamique de redressement rapide et de reconstruction de la Bande de Gaza, qui démontre qu’il est possible de reconstruire la Bande sans devoir déplacer les Palestiniens ; et SALUONS les efforts humanitaires de l’Égypte pour assurer l’acheminement de l’aide humanitaire et des secours dans la Bande de Gaza.
10. EXPRIMONS notre vive préoccupation face aux tentatives israéliennes visant à changer les caractéristiques des monuments et sites culturels de la ville d’Al-Qods Al- Charif, ainsi que le cachet arabo-islamique et à porter atteinte à son statut juridique, notamment les efforts visant altérer le statut de la mosquée Al-Aqsa ; INSISTONS sur la nécessité de sauvegarder l’identité de la ville sainte en tant de symbole de la tolérance et de la coexistence entre les trois religion monothéistes, ainsi que sur le soutien à la résistance de ses habitants, tout en saluant les efforts déployés dans ce domaine par le Comité d’Al-Qods et son organe exécutif l’Agence Bayt Mal Al-Qods Al-Charif.
11. DENONÇONS les politiques de déstabilisation menées par Israël dans la région et ses récentes attaques contre l’Iran, la Syrie et le Liban, qui constituent une violation flagrante de la souveraineté et de la sécurité de ces pays et du droit international ; et EXHORTONS la Communauté internationale à prendre des mesures dissuasives pour mettre fin à cette agression et tenir Israël pour responsable des crimes commis ; et DECIDONS à cette égard, de mettre sur pied un groupe de contact ministériel à composition non limitée d’établir des contacts périodiques avec les parties régionales et internationales concernées, dans le but d’apaiser l’escalade, de mettre un terme à l’agression contre l’Iran et de parvenir à un règlement pacifique.
12. CONDAMNONS fermement l’agression d’Israël contre la République islamique d’Iran ; SOULIGNONS la nécessité urgente de mettre un terme aux attaques israéliennes et notre grande préoccupation face à cette dangereuse escalade, qui menace la situation humaine, économique et environnementale dans la région.
13. EXPRIMONS notre solidarité avec le gouvernement et le peuple pakistanais et FAISONS PART de notre profonde inquiétude face à la récente escalade militaire dans la région de l’Asie du Sud, y compris les frappes injustifiées menées en moults endroits du Pakistan et de l’Azad Jammu-et-Cachemire ; et INSISTONS sur la nécessité de faire preuve de la plus grande retenue et d’éviter toute action susceptible de déstabiliser la région.
14. SOULIGNONS que le cessez-le-feu, annoncé le 10 mai 2025, doit être scrupuleusement respecté dans l’intérêt de la paix et de la stabilité régionales ; et RECONNAISSONS, avec appréciation, les efforts déployés par divers États membres pour désamorcer les tensions.
15. APPELONS au strict respect des accords bilatéraux, y compris le Traité sur les eaux de l’Indus ; METTONS L’ACCENT sur l’importance d’un dialogue à large participation en vue d’un règlement pacifique de tous les différends en suspens entre le Pakistan et l’Inde.
16. NOUS REFERONS aux deux rapports du Groupe d’experts sur le Soudan du Conseil de Sécurité, n°S/2024/65, émis le 15 janvier 2024 et n)S/2025/239 émis le 14/1/2025.
17. EXPRIMONS notre profonde inquiétude face à la recrudescence de l’islamophobie, en tant que forme de racisme et de discrimination ; DEPLORONS tous les actes de violence fondés sur la religion ou les convictions, les discours de haine et l’extrémisme motivés par la discrimination fondée sur la religion, ainsi que les efforts qui alimentent les divisions et les tensions interculturelles ; APPELONS la Communauté internationale à prendre des mesures efficaces pour lutter contre l’extrémisme, les discours de haine, la diffamation des religions, les stéréotypes négatifs et la stigmatisation des personnes sur la base de la religion, des convictions ou de l’appartenance ethnique, au niveau national et mondial.
18. SOULIGNONS que le terrorisme et l’extrémisme ne sauraient être associés à aucune religion, race, ethnie ou nationalité, et doivent être condamnés sans équivoque, quelles que soient leurs formes et manifestations, qui continuent de menacer la paix et la sécurité mondiales.
19. AFFIRMONS que l’expérience et les capacités acquises par certains pays membres, au cours du processus de décolonisation, confèrent à l’OCI une solide aptitude de médiation dans le règlement des conflits entre les Etats membres de l’OCI de la région et les autres pays membres des Nations unies
20. SALUONS les progrès accomplis dans le processus de normalisation entre la République d’Azerbaïdjan et la République d’Arménie, notamment la conclusion des négociations sur l’accord bilatéral relatif à l’établissement de relations pacifiques et interétatiques ; EXHORTONS l’Arménie à lever les obstacles juridiques et politiques qui subsistent à sa signature et, ainsi, à cesser de porter atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan ; REAFFIRMONS notre pleine solidarité avec le Gouvernement et le peuple d’Azerbaïdjan dans leurs efforts de réhabilitation et de reconstruction des territoires libérés, durement touchés par l’agression arménienne ; et APPELONS les États membres de l’OCI à soutenir activement les efforts de normalisation de l’Azerbaïdjan, essentiels pour garantir la sécurité, permettre la reconstruction et garantir le retour digne des personnes déplacées.
21. APPUYONS les efforts palpables et louables déployés par les Etats membres de l’OCI, à savoir la République algérienne démocratique et populaire, la République islamique du Pakistan et la République fédérale de Somalie, en tant que membres non permanents du Conseil de Sécurité, en faveur des questions islamiques.
22. SALUONS les efforts déployés par le Gouvernement intérimaire syrien en faveur de la réintégration de la Syrie dans le système régional et international ; INSISTONS SUR LA NECESSITE de maintenir le soutien politique et financier à la Syrie afin d’y assurer la stabilité et la sécurité ; EXPRIMONS notre soutien à l’instauration d’une coopération entre la République de Türkiye et le Groupe de la Banque islamique de développement (BID) visant à contribuer aux efforts de relèvement et de reconstruction rapides en Syrie ; et ENCOURAGEONS l’exploration d’efforts conjoints pour répondre aux besoins prioritaires dans des secteurs tels que l’énergie et les infrastructures.
23. AFFIRMONS notre position de principe appelant au respect de la souveraineté, de l’indépendance, de la non-ingérence dans les affaires intérieures, de l’intégrité territoriale et de l’unité de tous les États membres.
24. APPUYONS les aspirations des Chypriotes turcs musulmans à obtenir leurs droits inhérents ; SOULIGONS l’impératif de trouver un règlement négocié, mutuellement acceptable, juste, durable et viable de la question chypriote ; et METTONS L’ACCENT sur l’importance de développer des contacts bilatéraux avec les Chypriotes turcs musulmans afin de surmonter l’isolement injuste qui leur est imposé.
25. CONFIRMONS notre soutien à la minorité musulmane turque de Thrace occidentale et à la population musulmane turque du Dodécanèse en Grèce, en vue de garantir leur jouissance de la totalité de leurs droits et libertés fondamentaux ; et INSISTONS sur l’impératif à ce que leurs droits religieux et culturels soient dûment respectés.
26. EXPRIMONS notre profonde préoccupation quant au sort de centaines de milliers d’Azerbaïdjanais expulsés de force et de manière systématique du territoire de l’Arménie actuelle ; CONDAMNONS la destruction et le détournement du patrimoine culturel islamique qui s’y trouve, ce qui constitue une grave violation du droit international ; REAFFIRMONS le droit inaliénable des Azerbaïdjanais expulsés à un retour pacifique, sûr et digne dans leur lieu d’origine sur le territoire de l’Arménie actuelle, conformément au droit international ; et DEPLORONS le refus de l’Arménie d’engager un dialogue avec la Communauté azerbaïdjanaise occidentale, l’organisation non gouvernementale qui milite pour le rétablissement des droits de l’homme violés des Azerbaïdjanais expulsés du territoire de l’actuelle Arménie.
27. RENOUVELONS notre solidarité avec le peuple du Jammu-et-Cachemire et notre plein soutien à son droit inaliénable à l’autodétermination, conformément aux Résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité des Nations unies et de l’OCI, ainsi qu’à ses aspirations; et CONDAMNONS les violations massives des droits de l’homme dans le Jammu-et-Cachemire illégalement occupé par l’Inde.
28. EXPRIMONS notre vive préoccupation face aux graves violations des droits de l’homme commises principalement à l’encontre de la communauté musulmane Rohingya, ainsi que d’autres groupes musulmans au Myanmar ; LANÇONS UN APPEL en faveur de la prise de mesures urgentes pour défendre les droits et libertés fondamentaux de cette communauté ; et CONFIRMONS notre forte détermination à mener à bien l’affaire portée par la Gambie devant la Cour internationale de justice (CIJ) contre le Myanmar, et le rapatriement rapide des Rohingyas déplacés de force au Myanmar, leur propre patrie.
29. FAISONS PART de notre inquiétude face aux politiques destructrices menées par les dirigeants de l’entité de la Republika Srpska, qui ont exercé une pression indue sur le système judiciaire et les institutions, sapant ainsi la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine et menaçant gravement les fondements de l’Accord de paix de Dayton et l’ordre constitutionnel de la Bosnie-Herzégovine ; REAFFIRMONS notre soutien indéfectible à l’ordre constitutionnel et institutionnel de la Bosnie-Herzégovine ; EXHORTONS tous les partenaires internationaux à collaborer pour assurer le respect de l’Accord de paix de Dayton et de la Constitution de la Bosnie-Herzégovine.
30. SALUONS le rôle vital du COMCEC dans le gain des défis communs de développement qui se posent aux Etats membres, à travers ses programmes et projets phares, ses groupes de travail sectoriels et ses programmes d’appui aux projets.
31. SALUONS les efforts du Royaume hachémite de Jordanie dans la protection et la sauvegarde des lieux sacrés islamiques et chrétiens de la ville d’Al-Qods ; et SOULIGNONS l’importance du rôle de la tutelle hachémite historique sur ces lieux saints dans la protection et la préservation de leur identité arabe, islamique, chrétienne, ainsi que dans le maintien du statu quo historique et juridique actuel.
32. ACCUEILLONS FAVORABLEMENT les décisions de l’UNESCO de confirmer l’appellation de la Mosquée bénie d’Al-Aqsa/Al-Haram Al-Charif d’Al-Qods comme étant deux synonymes ayant le même sens, de souligner que la colline de la Porte des Maghrébins fait partie intégrante de la Sainte Mosquée d’Al-Aqsa et de donner droit à l’Administration des Waqf d’Al-Qods et des Affaires de la Sainte Mosquée d’Al-Aqsa jordaniens de restaurer la porte des Maghrébins (Bab al-Maghariba), d’assurer la maintenance de la Mosquée Al-Aqsa/Al-Haram Al-Qodsi Al-Charif, sa préservation et de l’organisation de ses accès, dès lors qu’elle est la seule entité juridique responsable du Haram, dont la superficie s’élève à 144 dounams, qu’elle est un lieu de culte réservé exclusivement aux musulmans et qu’elle est protégée par le droit international et le statut quo juridique et historique existant.
33. SALUONS la tenue prochaine du sommet islamique en Azerbaïdjan en 2026 et ATTENDONS AVEC INTERET sa contribution à l’unité, à la solidarité et à la coopération au sein du monde islamique.
